En Allemagne et plus particulièrement en Bavière, la « Wiesn », c’est ou fête d’Octobre. Elle est plus communément connue en France sous Fête de la Bière de Munich. C’est une manifestation festive qui a allègrement fêté ses 200 ans en 2010. La première fête de la bière a eu lieu en 1810 à l’occasion du mariage du futur Louis 1er de Bavière avec la princesse Thérèse de Saxe-Hildburghausen. Elle attire actuellement près de 6 millions de personnes dont 3/4 de Bavarois et 1/5 ème de touristes étrangers.
Outre la foule gigantesque drainée par l’événement, ce qui attire très rapidement le regard, c’est le port par près de la moitié des participants d’un vêtement qui semble au premier abord traditionnel mais qui relève souvent d’une pure interprétation fantaisiste…. Le lederhose pour les hommes et le Dirndl pour les femmes.
Il faut déjà différencier le dirndl du lederhose. Ce dernier était effectivement porté par les paysans et les montagnards et l’empereur François Joseph l’a revêtu pour montrer qu’il était proche de son peuple. Il a été ensuite suivi par l’aristocratie et la bourgeoisie.
Le dirndl
C’est en apparence une tenue folklorique mais en aucun cas l’évolution de la tenue traditionnelle bavaroise, comme on pourrait le penser. Déjà, vers 1870, c’était un phénomène de mode urbain. Les couturières confectionnent pour les grandes bourgeoises munichoise, un vêtement s’inspirant des tenues des servantes. Cela leur permet de porter des vêtement plus léger que les lourdes robes bourgeoises pour leurs vacances à la montagne.
Déjà fantaisiste au XIX ème siècle, il peut se permettre toutes les variantes selon l’inspiration des couturières ou des femme qui les portent.
Pour en savoir plus sur l’histoire
Le port du Dirndl à l’Ocktoberfest, un phénomène récent
On pourrait penser avec nostalgie que de l’autre côté du Rhin, les traditions vestimentaires ont perduré plus longtemps que chez nous. Les allemands auraient su moderniser et réinterpréter une partie de leur patrimoine du vêtir.
Il n’en est rien…. Dans les années 60, 70 et 80, il était plus courant d’aller à l’Octoberfest en jean et en blouson, qu’en Lederhose et dirndl. Seules les femmes qui venaient de la campagne ou de la montagne le portaient
Et encore pas toutes ! Et sur les photos, les serveuses ne sont pas forcément vêtues d’une tenue aussi affriolante qu’actuellement.
Que s’est-il passé ?
Simone Egger, chercheuse à l‘Institut du folklore et d’ethnologie européenne, à l’Université de Munich, est spécialiste du Dirndl. Pour elle l’explosion du Dirndl est très récente et date des années 2000.
Pour s’amuser, des jeunes ont commencé à acheter des costumes d’occasion pour se rendre à l’Oktoberfest, les combinant avec des vêtements contemporains. A cette même époque, des stylistes ont également commencé à s’intéresser au dirndl. Les médias ont suivi.
Les anciens dirndl sont ressortis à leur tour de leurs placards et l’industrie s’est engouffrée sur le marché. Depuis 10 ans, la mode n’a pas décliné et le Dirndl est devenu un classique de la garde robe féminine en Bavière, mais aussi en Suisse, en Autriche et dans le Tyrol italien.
Des traditions crées de toute pièce.
Il est souvent rapporté que le nœud fermant le tablier indique le statut de celle qui porte le Dirndl. Si cela est vrai actuellement, il n’en a pas été toujours ainsi. L’association de costumes Miesbach soutient que cette coutume est tout à fait nouvelle. Le nœud du tablier aurait été un signe superflu de la situation matrimoniale de la femme. Les jeunes filles libres ne portaient pas du tout la même tenue que les femmes mariées.
Mais pour celles et ceux qui veulent en connaître la signification actuelle
- Fermer le ruban de son tablier sur le côté droit indiquerait que la personne serait fiancée ou mariée.
- Sur le côté gauche, la jeune fille ou femme serait encore un cœur à prendre.
- Le nœud fermé sur le devant indiquerait lui que la jeune fille est encore vierge
- A l’arrière que vous êtes face à une veuve.
Un attachement à l’identité
La culotte de cuir ou lederhose et le dindl sont indissociables de l’image du costume bavarois et participent au rayonnement de la région.
Il est de tradition de les porter non seulement pour participer à la Wiesn mais aussi aux sorties dominicales et parfois même en semaine.
En conclusion
Simone Egger 2008: Phänomen Wiesntracht – Identitätspraxen einer urbanen Gesellschaft. Dirndl und Lederhosen, München und das Oktoberfest, Münchner ethnographische Schriften Bd. 2, München.