Les coiffes alsaciennes à la Maison du Kochersberg à Truchtersheim

Et si on allait faire une petite virée à Truchtersheim, à la Maison du Kochersberg pour découvrir entre autre la superbe exposition permanente de coiffes alsaciennes…

La grande coiffe est devenue le symbole de l’Alsace au point de nous faire oublier la diversité des coiffes alsaciennes. En fait, elle n’a été l’apanage que des femmes habitant le Kochersberg (entre la Bruche et la Zorn) et le pays des Hanau-Lichtenberg, un peu plus au nord et ce, durant une courte période.

 

Coiffe alsacienne dorée et sous-coiffe - Maison du Kochersberg-Truchtersheim

Coiffe alsacienne dorée et sous-coiffe au XVIII ème siècle avant la Révolution – Maison du Kochersberg-Truchtersheim

C’est donc tout naturellement à Truchtersheim, au cœur du Kochersberg, que se trouve une exposition sur ce grand nœud devenu aussi célèbre que la coiffe de la Bigouden en Bretagne, le béret basque ou le chapeau niçois…

Le grand nœud appelé en alsacien « Schlùppfkàpp ou Bandelskàpp » est apparu tardivement après 1850. Il a été seulement porté lors des grandes occasions dans un tiers du territoire alsacien. Dans le reste de l’Alsace, la femme sort les dimanches et les jours de fête avec des bonnets divers et variés, propres à chaque village.

Marie-Claire Burger,  vice-présidente de l’association des amis de la Maison du Kochersberg et guide bénévole nous raconte la coiffe à grand nœud

 

 

Se couvrir la tête, une obligation !

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2 coiffes post-révolutionnaires- Maison du Kochersberg, Truchtersheim

De par les exigences des églises chrétiennes se référant à Saint Paul les femmes depuis des siècles se couvrent la tête. Nos grand-mères et aïeules n’ont pas échappé à la règle… Pour l’intimité la coiffe blanche est prisée, mais à l’extérieur les coiffes vont peu à peu se différencier, s’enrichir, devenir parfois exubérantes. Elles vont s’afficher, pour qui en connaît le  codes, comme des cartes d’identité indiquant le village d’origine, la religion, la situation matrimoniale et bien évidement le rang social.

 

C’est ainsi qu’après 1870, sur le bonnet, signe de sa soumission, uniquement dans le Kochersberg et dans le Pays de Hanau, la femme va faire évoluer le nœud qui va ainsi devenir un objet de séduction. L’éternel féminin ….

 

L’évolution de la coiffe à grand nœud

Avant la révolution :

La femme alsacienne appartenant à l’élite affiche le magnifique bonnet dorée portée sur une sous-coiffe blanche souvent garnie d’une dentelle plissée ou tuyautée. Mais les coiffes dorées sont réquisitionnées par Saint Just, le révolutionnaire lors de son séjour à Strasbourg. Elle sont fondues. L’or ou l’argent recueillis sont envoyés à Paris pour renflouer le trésor de la Nation.

Durant les années post-révolutionnaires :

La femme va imaginer de nouveaux bonnets pour remplacer les coiffes confisquées. Mais là, il n’est plus question d’or ou d’argent. Les plus fortunées optent pour la soie brochée. Pour bien maintenir en place les nouveaux bonnets plus légers que le bonnet doré chargé de pierreries, elle y rajoute un ruban de couleur d’environ 4 cm de large. Il est glissé dans la coulisse puis noué sur le front où il forme un petit nœud seyant.

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L’évolution de la coiffe alsacienne à grand nœud durant la seconde moitié du XIXème siècle. Maison du Kochersberg- Truchtersheim

Vers 1850

Dans le pays de Hanau et dans le Kochersberg le ruban va s’allonger et s’élargir. A présent il fait 10 cm de large. L’industrialisation permet la fabrication de rubans de plus en plus larges proposés sur le marché. Toujours placé au-dessus du bonnet il retombe en 2 coques le long du visage, un peu comme des oreilles de cocker.

 

Après 1870 et la défaite de Sedan

Sous l’influence de la mode poussée par les innovations, le ruban continu à prendre de l’ampleur. Alors la femme invente un nouveau mode de plissage qui va lui permettre de le dresser sur la tête, telles des ailes de papillon. Les plis rayonnants rendent la coiffe encore plus séduisante au point de devenir à travers le monde, sous l’influence de Hansi, le symbole de l’Alsace perdue. Et le ruban grandit, grandit …  La cocarde est rajoutée par les alsacienne ayant opté pour Paris. Il ne fallait pas les confondre avec les allemandes en goguette dans la capitale. Hansi l’a dessiné durant 18 mois dans ses œuvres. Par la suite, lors des victoires de la France sur l’Allemagne, les femmes l’ont épinglée sur le grand nœud pour bien signifier aux vainqueurs qu’elles étaient françaises.

En 1900 :

La coiffe atteint son apogée et le ruban peut atteindre 30 cm de large et jusqu’à 4 m 60  de long….

 

La diversité des coiffes à grand nœud

 

Contrairement à l’idée que l’on se fait, les coiffes à grands nœud ne se ressemblent pas et ne sont pas toutes noires. Toutes les femmes protestantes portent le ruban noir ainsi que les femmes mariées catholiques.

La jeune fille catholique, elle, porte la coiffe fleurie, à carreaux ou rayée. Le ruban des catholiques nécessite une pièce de soie de 4.60 m de long et 30 cm de large. Les coquettes le rallonge avec de la dentelle ou des franges. Les protestantes se contentent de 3.40 m.

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Coiffe alsacienne à grand-noeud fleurie, le pan est bordé d’une dentelle de Valencienne – Maison du Kochersberg-Truchtersheim

Les rubans de couleur

Ils proviennent du Kochersberg. L’ensemble des villages appartenant aux Hanau-Lichtenberg étant protestants, ils ne sont pas portés dans le Pays de Hanau. Le plus courant est le ruban noir brodé de fleurs. Le ruban de couleur ivoire se porte à Truchtersheim et ses environs. II est imprimé d’un semi de fleurs. S’il est bordé de bleu, la propriétaire habite une paroisse du secteur qui honore particulièrement la Vierge Marie. Le ruban rayé ou écossais appartient à une jeune fille d’origine plus modeste. Les jeunes filles de Geispolsheim portent durant la belle saison le ruban rouge garance à picots, selon la légende, en souvenir du sang versé par le maire et le curé à la fin de la révolution.

Les bonnets

Ils sont souvent réalisés en velours de soie noire et bordés à l’avant d’une chenillette en velours. Ceux en velours pressé présentent des motifs en relief de fleurs ou de feuilles. Munis d’une bride, ils sont destinés à recevoir le grand nœud et la propriétaire est originaire du Kochersberg ou du Pays de Hanau. Les bonnets de la coiffe catholique sont richement brodés au fil d’or ou d’argent, de canetille, de pierreries. Les motifs représentent souvent des épis de blé ou des roses stylisés. La femme protestante ou juive préfère les bonnets plus austères décorés de tulipes et de demi-lunes réalisées au fil vert, violet ou doré. Ceux des veuves ou des dames âgées sont brodés de fil noir.

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2 bonnets de coiffe à grand noeud du Kochersberg, le premier catholique, le second protestant ou juif… Maison du Kochersberg-Truchtersheim

 

 

 

 

 

Petit secret :  La rigidité du grand nœud n’est obtenue ni par amidonnage, ni par des supports en bois ou en métal. Le vinaigre blanc dilué à 10% avec de l’eau, humecté délicatement sur le ruban donne cette tenue après repassage au fer doux.

La Maison du Kochersberg, une exposition sur les coiffes, mais pas que….

Les autres pièces du rez de chaussée évoquent le kleine Hisel, autrement dit l’habitat traditionnel du Kochersberg avant l’installation de l’eau courante et de l’électricité

Au premier étage, des expositions temporaires sur des thèmes variés sont présentées :

En 2020
  • Au coeur du vivant, de la nature au symbole par l’école de peinture de Marie-Anne Mouton du 18 janvier au 15 mars
  • L’héritage de 1870 du 12 avril au 11 octobre
  • Les photos de Frantisek. Zvardon du 24 octobre au 22 novembre
  • Les photos d’hiver de Frantisek Zvardon du 28 novembre au 10 janvier

Depuis 2017, la Maison du Kochersberg est intégrée à une structure plus grande, l’Eskapade  qui comprend également l’Office de Tourisme et d’Attractivité du Kochersberg, un atelier d’artiste graveur, un espace numérique, une salle de conférence, un restaurant italien: La Fuga

Au second étage vous trouverez Le Kube, un espace numérique pour petits et grands.

  • Un superbe film présentant le Kochersberg projeté à 180 ° sur un mur de 3 m de haut
  • Une salle numérique pour découvrir et s’initier de façon ludique et interactive à l’alsacien, aux langues étrangères, à la musique… Les enfants adoreront !

 

Maison du Kochersberg et Eskapade, 4 place du marché 67370 Truchtersheim. tél 03 88 21 46 90.

Retrouvez l’association sur son site facebook.com/lesamisdelamaisondukochersberg. Visites guidées sur rendez-vous pour les groupes.

Expositions passées

  • Jusqu’au 11 novembre : 1918…. et la suite sur les années qui ont suivi la signature de l’armisticeAffiche-exposition-1918-suite-Maison-Kochersberg-Truchtersheim
  • Noël, les jouets … du 24 novembre 2018 au 6 janvier
  • H-IMPACT 19, œuvres de Claude Braun du 19 janvier au 19 mars
  • L’Alsace dans son assiette du 13 avril au 16 novembre
  • Tables en fête du 23 novembre au 5 janvier

Exposition Noel-les-jouets-maison-Kochersberg-Truchtersheim-2018

exposition l'Alsace dans son assiette Truchtersheim

 

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